Les cinq frères misent sur la complémentarité
Le Gaec de la Cayenne cultive les compétences de toute la fratrie avec un projet visant à valoriser la production par la transformation.
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Pierre, Victor, Charles, Côme et Martin Bréant représentent la troisième génération familiale installée à Bermonville (Seine-Maritime). Situé entre les agglomérations de Rouen et du Havre à cinq minutes d’un échangeur autoroutier, le Gaec familial à vocation laitière a développé ses activités d’élevage et de culture. La ferme des cinq frères produit désormais son camembert, accueille 4 000 visiteurs par an et a ouvert une boucherie à la ferme en janvier 2025. « Nous avons des compétences complémentaires, confie Charles. La confiance s’est renforcée avec le temps autour de notre projet collectif. Notre principale règle est de ne pas remettre en question le travail de l’autre. »
Pierre a été le premier à s’installer en 2013 : « Nous avons acheté des droits à produire à Danone et livré jusqu’à 1,85 million de litres de lait. » Outre l’élevage de 210 vaches de race prim’holstein, il pilote aujourd’hui l’atelier viande bovine avec 40 à 50 génisses et bœufs croisés normands-limousins élevés par an, une vingtaine de brebis et deux veaux gras commercialisés par mois. Ayant rejoint le Gaec en 2015, Victor est responsable des cultures, du matériel et des chantiers qui accompagnent le développement de l’exploitation. Bénéficiant de limons profonds et d’une pluviométrie moyenne de 1 000 mm par an, il a notamment développé les cultures à forte valeur ajoutée : lin textile, pomme de terre et betterave sucrière.
Le choix du camembert
Charles débute la transformation laitière en 2016 avant de s’installer en 2018. « Nous avons fait le choix du camembert pour nous différencier », explique-t-il. Aujourd’hui, la ferme commercialise 1,2 million de litres via la laiterie et transforme 600 000 à 650 000 litres en camembert. Le nouvel atelier, démarré en 2020, fonctionne actuellement à 55 % de sa capacité avec quatre salariés. Médaillé d’or au concours mondial du fromage en 2023, le camembert est majoritairement distribué en Normandie, tandis qu’environ 10 % s’exportent en Suisse et Allemagne. « La diversification des canaux de vente et des zones géographiques permet de lisser la demande sur l’année », précise Charles.
Pour promouvoir son fromage, Charles organise des visites de la fromagerie dès 2019. En partenariat avec deux croisiéristes et trois offices de tourisme, l’exploitation accueille désormais 4 000 visiteurs par an, des scolaires jusqu’au quatrième âge. Afin de faciliter les visites, l’exploitation a acquis cette année un petit train d’occasion et propose des visites aux familles un samedi par mois.
80 % d’autonomie alimentaire
Cent hectares ont été repris à une dizaine de kilomètres en 2020 et sont partiellement mobilisés pour produire luzerne et foin. Afin d’accroître l’autonomie alimentaire de l’élevage, un séchoir avec double toiture réservé à ces fourrages a été construit en 2021. « La luzerne constitue un des piliers de la nouvelle rotation », indique Victor. Ayant également adopté le pâturage tournant dynamique, l’exploitation a ainsi atteint 80 % d’autonomie alimentaire et fabrique ses aliments à la ferme. Sur l’exploitation depuis 2020, Côme est responsable de l’activité volailles. Cinq poulaillers mobiles de 60 m² ont été acquis en 2022. « Nous produisons 5 000 poulets et pintades par an ainsi que 200 chapons et 500 canards gras », détaille Côme. Les animaux sont achetés à un jour, abattus et commercialisés à la ferme.
L’année 2025 a commencé par l’ouverture de la boucherie à la ferme gérée par Martin. En novembre prochain, l’installation de Côme et de Martin viendra renforcer l’élevage de 90 vaches limousines. Pour l’avenir, les cinq frères ambitionnent de doubler la production de camembert, l’élevage de volailles de chair, mais aussi de démarrer une production d’œufs et une activité traiteur.
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